Les maladies virales, telles la variole et la rage, sont connues depuis la plus haute antiquité. A la fin du XVIIIième siècle Edward Jenner développe l'inoculation de "cowpox" ou variole bovine qui permet d’offrir une bonne protection contre la variole. Le nom de vaccination dérivé du mot « vacca », vache, est appliqué par Louis Pasteur au siècle suivant au vaccin contre la rage, obtenu par atténuation de matière infectieuse passée sur des animaux.
La première expérience indiquant l'implication d'un agent ultrafiltrable, plus petit que les bactéries dans certaines maladies infectieuses, fut la transmission de la mosaïque du tabac par Dmitrii Ivanovski à partir de filtrats de plantes en 1892. Mais ce n'est que 6 ans plus tard que Martinus Beijerinck comprendra les conséquences de cette observation en la répétant. Il parlera de « contagium vivum fluidum ».
Rapidement à la fin du XIXe et au début du XXe siècle de nombreux virus seront découverts chez les animaux et les humains. On découvre aussi que certains virus peuvent infecter les bactéries. Ces derniers seront appelés « bactériophages » par Félix d’Hérelle. On visualisera pour la première fois des virus par microscope électronique en 1939 et après 1948 les techniques de cultures cellulaires permettront l'isolement et la caractérisation de nouveaux virus.
L’année 1979 verra la certification mondiale de l’éradication de la variole par l’OMS. C’est le premier grand triomphe de la médecine et plus particulièrement de la vaccination. Lorsque le SIDA est décrit en 1980 il ne faudra que trois ans pour découvrir son virus causal, le VIH.
Les techniques continuent à évoluer, l’avancée la plus récente étant la mise au point de la réaction de la polymérase en chaîne (PCR) par Kary Mullis en 1985 et de nouveaux virus continuent à être découverts chaque année.
Les maladies virales sont connues depuis des millénaires. Déjà sous les babyloniens, on savait que la rage se transmet par morsure du chien enragé. Une stèle égyptienne nous montre un pharaon qui boitait, vraisemblablement touché par la poliomyélite. Des tableaux du XVIième siècle représentent de magnifiques fleurs qui en fait étaient atteintes de viroses provoquant la marbrure des œillets ou les tulipes panachées.
La variole, une maladie entraînant une forte mortalité, a accompagné l’homme depuis longtemps et on en a retrouvé la trace sur les momies de l’Egypte. Depuis au moins le Xième siècle, on pratiquait la variolisation en Inde et en Chine. L'inoculation de matériel venant de pustules d'un malade de la variole à une personne saine entraînait une maladie réduite offrant une protection lors de contacts ultérieurs. La mortalité de cette pratique s'élevait à 1-2%, alors que la variole tuait dans un quart des cas. Cette pratique fut introduite en Angleterre par Lady Mary Wortley Montague vers 1720. Ref
A la fin du XVIIIième siècle, Edward Jenner appliqua sur base de ses observations l'inoculation de "cowpox", ou variole bovine, afin d’améliorer la pratique de la variolisation et offrir une bonne protection contre la variole (publication en 1798). Il semble que cette pratique ait déjà été sporadiquement appliquée à cette époque et certains en attribuent l'origine à un fermier du Dorset anglais, Benjamin Jesty, qui inocula sa famille avec la « cowpox » vingt ans plus tôt. Le nom de vaccination dérive du mot « vacca », vache, et fut introduit par Louis Pasteur au siècle suivant. Pasteur et son disciple, Emile Roux, découvrirent le principe de l'atténuation et l'appliquèrent au développement d'un vaccin contre la rage. En 1885, ils vaccinèrent le jeune Alsacien, Joseph Meister, qui avait été mordu par un chien enragé et introduirent ainsi la vaccination après exposition. Ref
1798
E. Jenner : vaccination contre la variole
1885
L. Pasteur : vaccination contre la rage
En 1884, le développement des bougies de Chamberland Ref, qui permettent d’éliminer les bactéries d’une solution, représente le premier pas vers la découverte des virus. Adolf Mayer (1843-1942) avait décrit en détail une maladie des plants de tabac qu’il appelle la mosaïque du tabac. Il se rend compte que la maladie est infectieuse, car elle peut être transmise par ce qu’il croit être une bactérie. La première expérience indiquant l'implication d'un agent ultrafiltrable plus petit que les bactéries, fut la transmission de la mosaïque du tabac par Dimitri Ivanovski (1864-1920) à partir de filtrats de plantes en 1892. Cependant Ivanovski maintiendra l’explication bactérienne, sous forme de spores ou de toxines, sans expliquer de façon correcte l’expérience qu’il avait faite. Ce n'est que 6 ans plus tard que Martinus Beijerinck (1851-1931) comprendra les conséquences de cette observation en la répétant. Il parlera de « contagium vivum fluidum ».
Le virus de la mosaïque du tabac (TMV/VMT) restera un modèle important dans toutes les études fondamentales sur les virus. En 1935, Wendell Stanley parviendra à cristalliser le virus de la mosaïque du tabac (TMV/VMT), ce qui permettra son analyse chimique et l’année suivante Bawden et Pirie décriront une structure alliant les protéines et l’acide ribonucléique.
La même année que celle des expériences de M. Beijerinck (1898), Friedrich Loeffler et Paul Frosch, tous deux élèves de Koch, découvrent que l'agent de la fièvre aphteuse du bétail est ultrafiltrable. Le premier virus humain, l'agent de la fièvre jaune, sera identifié en 1901 par Walter Reed, James Carroll et Jesse Lazear. Ce dernier mourra des suites d'une infection par le même virus. En 1908, Wilhelm Ellerman et Olaf Bang décrivent que la « fowl leukosis », une leucémie de la volaille, peut être transmise par un agent ultrafiltrable. La première tumeur solide, le sarcome du poulet, due à un virus sera décrite en 1911 par Peyton Rous Ref : le virus du sarcome de Rous. Les études sur ce virus mèneront bien plus tard, en 1976, à la découverte des oncogènes par D. Stehelin, H. Varmus, J. Bishop et P. Vogt, d’abord dans ce virus puis dans des cellules.
En 1915, Frederick Twort découvre des virus infectant les bactéries, qui seront nommés « bactériophages » par Félix d’Hérelle, qui étudiait Shigella dysenteriae, en 1921. Une première découverte importante sera celle de Max Schlesinger, qui en 1934 décrit que les bactériophages sont composés à part égale de protéines et d’acide désoxyribonucléique.
On visualisera pour la première fois des virus par microscope électronique en 1939 (G. Kausche, P. Ankuch et H. Ruska) : il s’agira à nouveau du virus de la mosaïque du tabac (TMV/VMT).
Après 1948, les techniques de cultures cellulaires permettront l'isolement et la caractérisation de nouveaux virus. Ce sera l’œuvre de divers groupes de recherche et ce sera mis en application pour le virus de la poliomyélite par le groupe de J. Enders.
1884
C. Chamberland : mise au point du filtre bactérien avec bougie à porcelaine
1892
D. Ivanovski : expériences indiquant un agent ultrafiltrable dans la mosaïque du tabac
1898
M. Beijerinck : confirmation et interprétation de l’agent ultrafiltrable : contagium vivum fluidum
1898
F. Loeffler et P. Frosh : agent de la fièvre aphteuse du bétail est ultrafiltrable
1901
W. Reed, J. Carroll, J. Lazear : découverte du premier virus humain, celui de la fièvre jaune
1908
Wilhelm Ellerman et Olaf Bang : fowl leukosis, une leucémie est transmise par un agent ultrafiltrable
1911
Peyton Rous : Rous sarcoma du poulet : description de la première tumeur solide causée par un virus
1915
Frederick Twort : découverte des virus des bactéries
1921
Félix d’Hérelle : nomme « bactériophages » les virus de Shigella dysenteriae
1935
W.M. Stanley : cristallisation du virus de la mosaïque du tabac (TMV/MTV)
1939
invention du microscope électronique et visualisation directe de virus (mosaïque du tabac) par G. Kausche, P. Ankuch, H. Ruska
1948 et suivantes
mise au point de techniques de culture cellulaire
James Watson et Francis Crick décriront la structure hélicoïdale de l’acide désoxyribonucléique (ADN) en 1953, en se basant sur des travaux de Maurice Wilkins et surtout de Rosalind Franklin. Ref Ils recevront le prix Nobel en 1962 pour cette découverte sans R. Franklin, décédée entre temps. R. Franklin élucidera également la structure hélicoïdale et la liaison entre les capsomères et l’ARN du virus de la mosaïque du tabac (TMV/VMT) en 1955, et l’année suivante Gierer et Schramm démontreront l’infectivité de l’ARN du virus de la mosaïque du tabac (TMV/VMT).
Howard Temin et David Baltimore décriront indépendamment l’existence de la transcriptase inverse qui transcrit l’ARN en ADN en 1970 et recevront pour cette découverte le prix Nobel en 1975. Ref
L’année 1979 verra la certification mondiale de l’éradication de la variole par l’OMS. C’est le premier grand triomphe de la médecine et plus particulièrement de la vaccination. Ref
Lorsque le SIDA est décrit en 1980, les hypothèses les plus vraisemblables orientent les chercheurs vers un virus. En 1983, Françoise Barré-Sinoussi, Luc Montagnier et leur équipe de l’Institut Pasteur de Paris isolent le LAV(« lymphadenopathy associated virus »), la cause du SIDA, qui deviendra après de longues controverses avec le groupe américain de Robert Gallo, découvreur du HTLV-1, le virus de l’immunodéficience humaine ou VIH.
Une avancée plus récente est la mise au point de la réaction de la polymérase en chaîne (PCR) par Kary Mullis en 1985. Ref Elle permet l'amplification de façon spécifique de quantités infimes d'acides nucléiques. Cette technique a révolutionné le diagnostic viral.
Actuellement, de nouveaux virus continuent à être découverts, comme par exemple le virus de l'hépatite C en 1989, le virus Nipah en 1999 (infection respiratoire du porc et encéphalite chez l'homme), le Metapneumovirus en 2001, le virus du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) en 2003.
1953 :
J. Watson, F. Crick (M. Wilkins, R. Franklin): description de la structure de l’ADN
1955 :
Rosalind Franklin : description de la structure hélicoïdale du virus de la mosaïque du tabac et de l'association ARN-capside
1970 :
Howard Temin et David Baltimore décrivent indépendamment la transcriptase inverse (Reverse transcriptase) et reçoivent le prix Nobel en 1975
1979 :
Certification de l’éradication mondiale de la variole par la vaccination
1983 :
F. Barré-Sinoussi, Montagnier et collaborateurs : découverte du LAV qui deviendra le VIH
1985 :
Kary Mullis : description de la PCR
http://www.pasteur.fr/actu/presse/dossiers/Sida/decouverte.htm
1946 - chimie : JH Northrop, WM Stanley, JP Sumner : préparation à l’état pur d’enzymes et de protéines virales (JHN, WMS), découverte de la cristallisation des enzymes (JPS).
1951 - médecine : M. Theiler : vaccin contre la fièvre jaune.
1954 - médecine : JF Enders, TH Weller, FC Robbins : croissance du virus de la poliomyélite en culture cellulaire.
1958 - médecine-physiologie : G Beadle, E L Tatum et J Lederberg pour la découverte du rôle des gènes dans la synthèse des protéines (GB et ELT) et la découverte de la recombinaison et l'organisation du matériel génétique chez les bactéries (JL).
1962 - médecine : FHC Crick, JD Watson, MHF Wilkins: structure de la double hélice de l’ADN.
1965 - médecine : F Jacob, A Lwoff, J. Monod : contrôle génétique de la synthèse d’enzymes et de virus (bactériophages).
1966 - médecine : P. Rous : découverte des virus oncogènes.
1969 - médecine : M Delbrück, AD Hershey, SE Luria : mécanismes de réplication et structure génétique des virus.
1975 - médecine : D Baltimore, R Dulbecco, HM Temin : interactions entre virus oncogènes et matériel génétique des cellules.
1976 - médecine : BS Blumberg, DC Gajdusek : nouveaux mécanismes de l’origine et de la dissémination des maladies infectieuses (virus de l’hépatite B et Kuru).
1978 - médecine : W Arber, D Nathans, H O Smith pour la découverte des enzymes de restriction et leur application en génétique moléculaire.
1980 - chimie : P. Berg, W. Gilbert, F. Sanger : études fondamentales de la biochimie des acides nucléiques avec attention particulière pour l’ADN recombinant (PB) et contribution à la détermination des séquences de base des acides nucléiques (WG, FS).
1982 - chimie : A. Klug : élucidation de la structure de nucléo-protéines importantes en biologie, par microscopie électronique et cristallographie.
1989 - médecine : JM Bishop, HE Varmus : origine cellulaire des oncogènes rétroviraux.
1993 - médecine : RJ Roberts, PA Sharp : gènes mosaïques (travail sur les virus, adéno et SV40).
1993 - chimie : KB Mullis, M Smith : PCR (KBM) et mutagenèse dirigée (MS).
1997 - médecine : SB Prusiner : les prions, nouveau principe biologique d’infection.
2006 - médecine : A. Fire and G. Mello : Interférence ARN – extinction génique par ARN double brin.
2008 - médecine : Harald zur Hauzen : travaux sur le cancer du col de l'utérus dû au papillomavirus, et à Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier pour la découverte du virus du SIDA.
Prix Nobel : infos complémentaires sur le site des prix Nobel http://nobelprize.org/